Qui sont les traditionalistes ? (1/4) Une messe à Saint-Nicolas-du-Chardonnet

Depuis 1977, La paroisse de Saint-Nicolas est gérée par la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X. Chaque dimanche, la dernière célébration est une messe dite « basse », car elle ne comporte pas de chant. Nous y avons assisté.

Saint-Nicolas, une église vintage. Photo parisavant.com

« Tout de suite va avoir lieu la messe de 18 heures 30, pour ceux qui n’ont pas encore pu remplir leur devoir dominical ». Cette phrase marque la fin du concert spirituel d’orgue donné en honneur des 600 ans de la naissance de Jeanne d’Arc. Les lustres de l’église s’allument et la lumière tombe sur l’assemblée des fidèles, plus clairsemée qu’à la grand-messe du matin – il y en a cinq par dimanche. Le célébrant, suivi de ses enfants de chœur, entre dans la nef. Une clochette sonne. Les fidèles s’agenouillent. Le prêtre se signe et prononce la première phrase du rite : « Introibo ad altare dei », qui signifie « Je monterai à l’autel de Dieu ». Les seules lectures en français sont l’épître et l’évangile. Pour le reste, si vous n’avez pas d’interprète, il faut suivre les traductions sur un livret de messe, le missel. Après l’évangile, tous s’assoient, et le prêtre entame son homélie.

Le croyant contre le reste du monde

« Le vieil homme en nous, c’est-à-dire le pécheur, est mort avec le Christ sur la croix. » Le prêtre fait la distinction entre « la vie nouvelle par rapport au monde », de ceux qui suivent les préceptes des apôtres, et ceux qui, vainement, recherchent « les honneurs du monde, les estimes du monde ». Il évoque la conversion des saints qui « s’arrachent aux tentations du monde » et paraissent morts aux yeux « des gens du monde ». Le « monde », c’est cette machine infernale qui, sous des aspects anodins (éclair au chocolat, cigarette, télévision, bijou, belle voiture…), appelle l’homme à succomber aux tentations de la chair.
Pour suivre l’exemple des saints, la solution est radicale. Il faut se « libérer de l’esclavage du péché », en « casser les chaînes », « se faire violence ». Pour résumer : « Rien de toutes ces choses qui nous entourent ne peuvent remplir notre cœur ». Le prêche aura duré quelques minutes. Le déroulé de la messe reprend, jusqu’au cantique final à la gloire de Marie. Une heure après leur arrivée, les fidèles quittent l’église. Dehors, il leur faudra déployer des trésors d’ingéniosité pour éviter le contact des gens du monde.